Pour bénéficier sur Terre de tout ce que la Science apprend à développer dans l’Espace, il faut déjà savoir y aller.
Pour bénéficier sur Terre de tout ce que la Science apprend à développer dans l’Espace, il faut déjà savoir y aller. Vue la difficulté de s’arracher à l’attraction terrestre (vous le voyez tous les matins en sortant du lit, non ?), on a plutôt envie d’avoir confiance dans le fabricant du taxi, avant de monter à bord.
Et là, vous êtes plutôt chez Costauds &Fils : co-entreprise d’Airbus et Safran, ArianeGroup c’est plus de 7000 passionnés, du genre bien, bien pointus, qui plongent leurs racines dans 70 ans d’expériences pionnières pour l’Europe spatiale. Et il y a quelques horizons riches en nouveaux défis qui s’annoncent !
Ariane 6 : flexibilité à pleine puissance
Si l’Europe veut pouvoir garder son autonomie stratégique en matière d’accès à l’Espace, elle doit pouvoir continuer à concevoir ses propres lanceurs. Et ça, au moment où de nouvelles initiatives fleurissent un peu partout sur la planète, ça veut dire une compétitivité du genre inoxydable !
En s’appuyant de façon très pragmatique sur la fiabilité éprouvée des technologies des fusées précédentes, Ariane 6 a été pensée comme une famille de lanceurs qui offre un maximum de souplesse à tous types de clients, pour tous types de missions, et vers toutes les orbites. Une orbite plus précise, c’est moins de manœuvres d’ajustement pour le satellite une fois là-haut, avec un double bénéfice : une mise en service plus rapide, et moins de carburants (ergols) consommés… donc plus de durée de vie à la clé.
Côté fabrication, là aussi tout est résolument tourné vers le futur : Ariane 6 bénéficie des avancées technologiques et industrielles les plus pointues d’aujourd’hui, avec notamment l’impression 3D, mais aussi des techniques moins connues comme le ‘friction – malaxage’… les équipes sont juste de l’autre côté de la porte : demandez-leur de vous raconter !
Vinci, le moteur de fusée qui adore les rappels !
On lève le capot ?… Allez, on vous chuchote une des clés du succès. Ariane 6 pourra assurer en 1 même tir le lancement d’un gros, ou de plusieurs petits satellites, voire de constellations. Mais, au fait… qui dit constellations dit nécessité de ‘livrer’ les satellites qui la composent en plusieurs points d’orbite ?… C’est là que survient le joker d’Ariane 6 : le moteur de l’étage supérieur, baptisé Vinci, est rallumable autant de fois que nécessaire pour placer plusieurs charges en orbite à différents endroits selon les besoins. Quelqu’un a dit flexibilité ? Pour un peu, on les rebaptiserait BlaBlaSpace 😉 !
Lui aussi a été entièrement pensé pour être simple à construire et à utiliser. Et pourtant, c’est un sacré morceau : plus de 3 mètres de haut… 18 tonnes de poussée avec une vitesse d’éjection des gaz en sortie de tuyère de… 4,5 kilomètres par seconde ( !), et une pression à l’intérieur de la chambre de combustion de plus de 60 bars… parlez-lui poliment en l’approchant : il y en a un à quelques mètres. Profitez-en, vous ne verrez pas ça tous les jours !
Susie : c’est parti pour les vols habités Made in Europe !
Susie (pour Smart Upper Stage for Innovative Exploration), c’est l’aboutissement ultime du pragmatisme et de la souplesse d’Ariane 6 : un vaisseau autonome capable d’emporter jusqu’à 5 astronautes, et intégralement réutilisable, qui vient tout simplement remplacer la coiffe de la fusée. C’est la réponse de l’Europe à une certitude : le besoin d’accès humain à l’espace va connaître dans les prochaines années une vraie révolution, avec notamment le déploiement du Lunar Gateway, avant-poste en orbite lunaire d’où seront construits les plus gros vaisseaux en vue d’une exploration lointaine, notamment vers Mars. On renoue avec l’époque de Magellan et Jacques Cartier, mais… en plus loin !
Exit les capsules à l’ancienne, Susie est pensée pour savoir revenir par elle-même jusqu’à côté de son point de décollage, pour être vérifiée et préparée pour de nouveaux vols. Elle est aussi capable de fonctionner sans équipage, en mode cargo automatisé, ce qui permettra de la tester sans risques durant une bonne série de vols de qualification. Et en plus, le décollage sera confortable : on y encaissera moins de ‘G’ que dans des montagnes russes.
C’est chouette, non, une humanité qui brille en regardant l’horizon ?…
Vous voulez tout savoir sur Susie ?...
Faites un vœu. Ou plutôt non, faites-en une bonne dizaine d’un coup : Susie, ce sera le ticket pour des missions spatiales d’une incroyable variété : le ravitaillement et la relève des équipages dans des stations spatiales… des sorties extravéhiculaires… la construction de grandes infrastructures et vaisseaux en orbite pour l’exploration lointaine… l’inspection et la mise à niveau de satellites, ou leur dépannage… du remorquage… ou même, la collecte de plus en plus nécessaire des débris spatiaux, ou la désorbitation de satellites arrivés en fin de vie.
Et tout ça pour un beau nombre d’années : Susie est conçue dès le départ pour pouvoir être lancée par Ariane 6 en version lanceur lourd (Ariane 64, flanquée de 4 boosters), mais aussi avec toute la génération suivante de lanceurs européens. Susie, c’est 25 tonnes de sens pratique : en version cargo automatisé sans équipage, elle ne nécessite même pas la moindre modification par rapport à une coiffe classique pour un satellite, ni sur sa fusée porteuse Ariane 6 , ni sur le pas de tir et son portique mobile.
Mise en service dans un second temps, la version habitée profitera comme cela d’une jolie courbe d’expérience en matière de sécurité et d’efficacité des procédures. Susie disposera alors d’un système d’éjection couvrant toutes les phases du vol, du décollage à l’atterrissage, assurant à l’équipage une sécurité de bout en bout. Le système pourra même être activé au sol, à la manière d’un siège éjectable.
Mais au fait, comment elle revient sur Terre ?
Elle adopte une forme de fuselage appelée « lifting body » (corps portant), qui génère de la portance au cours de la rentrée atmosphérique. Susie pourra ainsi « surfer » à plus de 25 fois la vitesse du son sur les couches supérieures de l’atmosphère, avec une grande pilotabilité, la clé pour la précision d’atterrissage. Parce qu’après sa rentrée atmosphérique, Susie opèrera un retournement, et viendra se poser verticalement, à l’aide de moteurs à poussée pilotée, sur une zone d’atterrissage au Centre Spatial Guyanais. Ou potentiellement n’importe où ailleurs dans le monde.
Pour des missions de longue durée automatiques ou habitées vers l’espace profond, vers la Lune ou vers d’autres planètes du système solaire à l’avenir, Susie peut se transformer en un « train spatial ». Dans ce cas, elle est couplée avec un module de transfert comportant des moteurs de croisière à longue distance, des réservoirs d’ergols, de panneaux solaires, et du support vie (air, eau, nourriture, etc.). Dans cette configuration, Susie pourra par exemple atteindre la station orbitale lunaire, puis revenir sur terre se poser, le module de transfert restant en orbite terrestre pour y être reconditionnée en vue du vol suivant.
J’en ai rêvé… ArianeGroup est en train de le faire !
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Crédits photos :
Photo 1 : Copyright ArianeGroup Orbital
Photo 2 : Copyright ArianeGroup Master Image Programmes