Rendre possibles nos rêves d’exploration lointaine.
L’Agence Spatiale Européenne, c’est la cristallisation des efforts conjugués de 22 pays pour garantir une indépendance européenne en matière d’accès à l’Espace. Et c’est le genre d’idée carrément prévoyante quand on voit de plus en plus à quel point l’Espace est la porte d’accès incontournable vers bon nombre de ressources-clés et des innovations de Demain.
La Station Spatiale Internationale, un laboratoire d’apprentissage grandeur nature
Développée par la NASA en collaboration avec l’ESA et les agences spatiales russe, canadienne et japonaise, l’ISS sera utilisée au moins jusqu’en 2030. Elle a un rôle crucial de véritable éclaireur scientifique et technologique, dans bien des domaines : c’est à la fois un observatoire terrestre permanent pour mieux comprendre les évolutions climatiques en cours, une plateforme pour d’innombrables expériences de science avancée (médecine, matériaux…) qui ont besoin de se dérouler en impesanteur, et un terrain de répétition à taille réelle pour préparer les futurs grands vols habités lointains.
L’ESA nous gâte cette année, puisqu’elle nous a même confié une véritable expérience, tout droit redescendue de la Station : EXPOSE, conçue pour permettre des expériences d’exobiologie. Et puis, vous pourrez toucher aussi du doigt le quotidien de la vie dans la Station jusque dans ses détails pratiques les plus… incongrus. Si, si : entrez, vous verrez !
Le pas suivant, c’est vers la Lune
Ils le clament assez fort, les américains retournent vers la lune, probable plateforme de départ vers Mars. Ce qu’on aurait tort de perdre de vue, c’est qu’ils y retournent en confiant la conception d’une très grosse partie du ‘taxi’ à l’Europe, gage de la confiance majeure placée dans l’ESA : la capsule Orion s’appuie en effet sur le support crucial de l’European Service Module (ESM) qui lui est arrimé, pour lui fournir air, eau, contrôle thermique, puissance électrique, et propulsion !
Vous découvrirez sa maquette détaillée, ainsi que toutes les infos clés sur la future station lunaire orbitale internationale (Lunar Gateway) dont l’Europe est un des maillons clés, ainsi que les projets de cargo automatique européen (Argonaut) qui délivrera les vivres aux astronautes sur la surface de la Lune. Jules Verne, l’Europe arrive !
Un scaphandre pour les sorties extravéhiculaires (EVA)
Le scaphandre que vous découvrez à l’intérieur est un véritable prototype, issu d’une collaboration entre l’ESA et la Roscosmos, l’agence spatiale russe, à l’époque des projets de navette européenne Hermes. Avec les vols habités européens qui deviennent désormais concrets (avec Susie, voir Ariane Group), il est temps de créer un scaphandre qui intègre les dernières innovations.
La partie technique, ardue, prend des années de recherches. Par contre, sur l’aspect esthétique, l’ESA, plus joueuse, sollicite en ce moment les propositions de design du grand public. Êtes-vous à la hauteur ?
Atterrir sur d’autres mondes
Amateurs de défis costauds, attachez vos ceintures ! Ce n’est pas le tout d’atteindre des vitesses vertigineuses pour se rendre à des millions de kilomètres, il faut aussi réussir à freiner à l’arrivée (en dépensant le moins de carburant possible, parce que sinon on ajoute du poids au lancement initial). Il n’y a pas toujours à destination une atmosphère pour nous aider freiner par frottement, et quand il y en a une, il faut un bouclier thermique ! Puis, il faut encore viser un point pas trop chaotique pour le ‘toucher’ du sol. Le tout, en autonomie complète pour l’engin, car les distances rendent les temps de transmission d’instructions bien trop longs pour un pilotage en direct !
Vous avez devant l’alvéole ESA, 3 pages majeures de l’histoire européenne de ces épopées hautes en adrénaline et en passion : l’ESA nous fait le cadeau d’apporter le véritable prototype de test de la sonde Huygens, qui a réussi en 2005 un atterrissage incroyable sur… Titan, l’une des grosses lunes de Saturne, rien que ça !
Schiaparelli, lui, nous rappelle à quel point « Mars is hard. » : il s’est crashé en 2016 durant sa phase de descente vers le sol de Mars. En cause ? Une infime erreur fugitive d’un capteur d’altitude, trompé par la séparation du bouclier thermique. La sonde s’est soudain crue au sol, et s’est séparée trop tôt de son parachute. Aïe.
Mais la conquête spatiale, c’est le royaume de la résilience. L’Europe vient de décider fin 2022 de relever le gant en créant elle-même, suite à la terminaison de la collaboration avec les russes, son propre atterrisseur pour son prochain rover martien, Rosalind Franklin (Mission Exomars). Mars is hard, mais ESA is tough ! Rendez-vous vers 2030 pour la revanche !!
Tenir durablement sur la Lune, malgré la nuit lunaire
Les astronautes d’Apollo, à l’époque, n’ont jamais vécu et travaillé pendant la nuit lunaire : elle dure 14 ‘jours’ et les températures à la surface chutent jusqu’à… -170 °C ! Au moment où toutes les agences spatiales internationales poussent vers la Lune, pour s’y installer durablement il va falloir affronter ce défi, et pour cela il faudra un sérieux stock de consommables !
Une équipe d’ingénieurs de l’ESA prépare en ce moment même l’Argonaut (anciennement nommé EL3, pour European Large Logistic Lander) : l’atterrisseur européen de soutien logistique vital pour le programme Artemis de la NASA. L’Argonaut apportera notamment une part importante de la nourriture, de l’eau, de l’air et de l’équipement à un équipage de 4 femmes et hommes travaillant sur la Lune pendant la nuit. La mission de livraison de fret de 1,5 tonnes est bien plus qu’un simple cargo : c’est un kit de survie pour les explorateurs de la nouvelle frontière. Et ce n’est pas un voyage anodin : rappelons quand-même qu’au cours des 20 dernières années, la moitié de toutes les tentatives d’alunissage internationales se sont soldées par un échec !
A chaque mission, Argonaut emportera aussi des instruments scientifiques ainsi que des démonstrateurs technologiques, comme pour l’utilisation des ressources lunaires. La polyvalence est donc l’atout clé. Et la capacité d’emport est à cette image : avec une masse de 3,5 tonnes à vide une fois aluni (donc en fait seulement 550 kg sur la Lune, merci la gravité réduite !), il peut délivrer 1,5 tonnes de fret à n’importe quelle destination nécessaire sur la surface, dans ses 6 mètres de haut sur 4,4 mètres de diamètre. Râblé, et costaud, l’Argonaut !
Crédits photos :
Photo 1 : ESA + Olivier Pâques
Photo 2 : ©ESANASA